Les Maliennes n’ont pas encore pu donner leur plein potentiel comme agentes du changement dans leur société. Beaucoup d’entre elles œuvrent pour davantage de prestations sociales dans les communautés et pour améliorer la cohésion et la consolidation de la paix. Mais trop souvent, leur engagement citoyen se heurte à des obstacles qui ne leur permettent pas d’y remédier. Parmi ceux-ci, le poids des normes socioculturelles, le manque d’accès à l’éducation et leur absence dans la prise de décision limitent les avancées pour elles sur cette question.
En réponse à cette situation, Interpeace et son partenaire local Aide au Développement Durable (ADD) ont officiellement lancé le projet "Voix des femmes : amplifier l'engagement citoyen et le rôle des femmes en agents de changement au Mali", financé par l'Union européenne (UE), à Bamako le jeudi 13 juillet. Jusqu'en 2025, les organisations de femmes du nord du pays, du centre et de la région de la capitale seront soutenues dans le renforcement de leurs capacités organisationnelles. Le dialogue avec les chefs traditionnels et les autorités sera élargi. Des actions de plaidoyer seront menées auprès d'un certain nombre d'acteurs clés afin d'accroître le rôle de ces femmes dans la construction de la paix.
Parmi les discours au lancement du projet, la représentante de la ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Ndeye Sow, conseillère en charge de l’autonomisation des femmes a relevé que le projet « vient à point nommé car il répond parfaitement aux soucis des plus hautes autorités de la transition pour l’émergence d’un Mali nouveau ». "On ne peut que se réjouir de cette initiative salvatrice", a-t-elle ajouté.
Présent pour la cérémonie, le maire de la commune du district de Bamako,Oumarou Togo, a invité Interpeace, son partenaire ADD et tous les acteurs à investir « pour faire de ce projet un succès inouï au bénéfice des organisations féminines de la société civile cibles ». La réussite de « Voix de femmes » dépendra de « l’implication effective de l’ensemble des parties prenantes à tous les niveaux », a fait remarquer de son côté la directrice régionale d’Interpeace, Maria Alessia Polidoro.
Un engagement qui n’est de loin pas une première pour Interpeace dans le pays. Présente depuis 2013, l’organisation avait déjà mené une vaste évaluation des défis du Mali pour la consolidation de la paix. Dans cette recherche action-participative (RAP) auprès de plus de 5000 personnes dans huit régions du pays et dans des camps de réfugiés dans trois Etats voisins, elle avait identifié les principaux obstacles à des avancées, ceux de l’érosion des valeurs sociétales, le manque d’accès des jeunes à l’emploi, les problèmes de gouvernance et l’insécurité.
Depuis, plusieurs projets ont été établis, dont « Voix de femmes » pour le plus récent. Pour garantir une large implication, des comités consultatifs régionaux et nationaux seront lancés pour guider toutes les initiatives et activités qui seront menées. Avec toujours comme objectif de faire entendre davantage au Mali la voix des femmes.